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18 novembre 2023

Douleur chronique de l’adolescent : 5 astuces gaming pour la gérer

Adolescent gamer avec douleur chronique

Et si jouer aux jeux vidéos te permettait de gérer ta douleur chronique ?

Si tu es un adolescent qui présente des douleurs chroniques, tu sais à quel point cela peut être compliqué.  La douleur chronique affecte tes activités de la vie quotidienne, ta scolarité, tes loisirs, tes relations amicales et familiales.

En bref, ta douleur chronique est un peu comme le boss de fin de ton jeu vidéo préféré qui abîme tout sur son passage.

Mais si tu es un gamer passionné, tu le sais, affronter le boss de fin ne s’improvise pas.  Cela se prépare.

Et si les compétences que tu as développées en tant que gamer pouvaient également t’aider à faire face à la douleur chronique ?  Imagine un instant que tu puisses aborder la gestion de ta douleur de la même manière que tu abordes un jeu vidéo captivant.

Dans cet article, je vais t’apprendre comment tu peux utiliser 5 stratégies inspirées du gaming pour mieux faire face à ta douleur chronique.  Tes compétences en gaming sont très utiles !  Elles vont te permettre de mieux comprendre les stratégies antalgiques non médicamenteuses que tu peux utiliser pour avoir moins mal.

Ta quête, si tu oses relever le défi, consiste à battre ta douleur chronique pour retrouver une qualité de vie !

Prépare-toi à développer de nouvelles compétences pour augmenter ton level !

level up

Connaître ton boss de fin ou comprendre ta douleur chronique

Ta douleur chronique est ton boss de fin.  On n’affronte pas le boss de fin sans le connaître et sans le comprendre.  C’est pareil pour ta douleur chronique.

Boss de fin

Qu’est-ce que la douleur chronique ?

La douleur chronique est un syndrome multidimensionnel exprimé par la personne qui en est atteinte.  Elle présente plusieurs caractéristiques :

  • elle est permanente ou récurrente.  Soit tu as mal tout le temps, soit ta douleur réapparait régulièrement
  • sa durée est supérieure à 3 mois OU supérieure à 6 mois OU elle persiste au-delà de la durée attendue.  Elle dure donc au-delà de la période normale de guérison, généralement plus de trois à six mois
  • elle entraîne un handicap notable.  Elle va donc avoir un impact sur certains aspects de ta vie [ta scolarité, tes loisirs, tes relations amicales et familiales, tes résultats scolaires, ton sommeil, ton moral …].  Elle va aussi entraîner des conséquences [décrochage scolaire/absentéisme scolaire, isolement social, arrêt de ton activité sportive préférée …]

La douleur chronique est composée de 4 dimensions en interaction constantes :

  • composante sensori-discriminative

mécanismes neurophysiologiques qui permettent la détection, le décodage et l’analyse de la douleur.  Ils permettent de préciser plusieurs aspects de la douleur : sa qualité [brûlure,  piqûre, décharges électriques, coup de poignard …], sa durée [brève, continue …], son intensité, sa localisation.  Il s’agit donc des mécanismes périphériques et centraux qui te permettent de percevoir la douleur

  • composante affective

connotation désagréable, pénible rattachée à l’expérience de la douleur.  Cette composante peut également englober les difficultés psychologiques secondaires à ta douleur.  Avoir mal souvent peut te rendre anxieux ou déprimé

  • composante cognitive

processus cognitifs susceptibles d’influencer la perception de la douleur

  1. signification que tu donnes à ta douleur/à ta maladie [interprétation, valeur de la douleur, culture, religion …]
  2. fait référence à des expériences antérieures de douleur [personnelles, vécues, observées, mémorisées]
  3. attention, distraction, anticipation
  4. analyse de l’attitude de ton entourage familial et du personnel soignant.  Comment interprètes-tu les réactions des personnes autour de toi par rapport à ta douleur ?  Penses-tu que le médecin ne t’écoute pas ?  Que tes parents pensent que tu n’as pas vraiment mal
  • composante comportementale 

manifestations [verbales et non verbales] observables chez toi.  Inclus également les manifestations physiologiques [pâleur, sudation …].  Cette composante assure une fonction de communication avec l’entourage.

Comme tu le vois, la douleur chronique est un monstre à plusieurs têtes un peu comme l’Hydre, cet animal mythologique ou un boss de fin de niveau !

Hydre

Créer ton avatar ou personnaliser ton approche de la douleur

La première étape lorsque tu débute un nouveau jeu est de créer ton avatar.

L’avatar est le personnage ou l’entité virtuelle qui va te représenter dans le jeu.  La plupart du temps, tu peux le créer et le personnaliser comme tu le veux en fonction de tes préférences.

Grand ou petit ?  Un mage ou un guerrier ?  Une approche directe du combat en allant au CAC [Corps à corps] ou une approche indirecte à distance ?  Armes ou sorts magiques ?

L’avatar est une représentation de toi adaptée aux combats qui t’attendent.

Tout comme un joueur de jeu vidéo personnalise son personnage en choisissant des compétences, des attributs et une apparence unique, tu as le pouvoir de personnaliser ton approche pour gérer la douleur.

Personnaliser ton personnage c’est un peu comme personnaliser ton approche de la douleur.  Tu as un rôle actif à jouer dans le choix de tes outils et de tes stratégies pour mieux faire face à la douleur chronique.

avatar
A quoi va ressembler ton avatar ?

A quoi va ressembler ton avatar de gestion de la douleur ?  Quelles sont tes forces, tes faiblesses, tes ressources à disposition pour bien gérer ta douleur chronique ?

Quelles compétences vas-tu ensuite rajouter pour être plus efficace ? Dois-tu améliorer ta capacité à rechercher le soutien de tes proches ?  Dois-tu être plus persévérant pour faire tes exercices de kinésithérapie ?

A toi de jouer ! Tu peux personnaliser ton avatar de gestion de la douleur en renforçant ses compétences émotionnelles, en augmentant son moral, en éliminant les pensées négatives.

Respecter tes cooldown ou appliquer le PACING

Dans tes jeux, le cooldown est le temps de recharge nécessaire avant qu’une compétence ou un sort puisse à nouveau être utilisé.  Tu dois donc être patient avant d’être capable de refaire certaines actions.

Lorsque tu as mal, il est important de respecter toi aussi tes cooldown.  Comment ?  En appliquant le PACING.

Le PACING consiste à adapter ton activité physique en respectant un certain rythme.  Il s’agit de réaliser tes activités sans augmenter la douleur.

Le PACING va te permettre une meilleure gestion de ton rythme en répartissant correctement tes activités/ton énergie et tes temps de repos.  C’est ce que l’on appelle le cycle activité/repos.  Pour que cela fonctionne tu vas devoir accepter toi aussi d’avoir un cooldown.

Le PACING te permettra d’avoir moins mal et de recharger tes batteries.  Tu peux alors reprendre/poursuivre tes activités.

Ton cooldown est ton temps de repos.  Dans ton jeu, tu alternes utilisation de la compétence/du sort et cooldown.  Pour gérer ta douleur tu vas alterner activités physiques et temps de repos.

Voici quelques étapes à suivre pour mettre en place le PACING :

  1. Choisis les activités que tu as envie de faire plus souvent.  De préférence, opte pour des activités que tu as vraiment envie de faire plus fréquemment.  Exemple : pouvoir te promener plus souvent avec ton copain/ta copine
  2. Détermine le niveau de référence pour chaque activité.  Le niveau de référence d’une activité est la quantité de cette activité qu’il est possible de faire sans que la douleur ne s’emballe [poussée, crise douloureuse].  Pour le définir, tu dois évaluer pendant combien de temps tu peux rester dans une position ou une activité douloureuse avant que la douleur ne devienne insupportable.  Par exemple, demande-toi combien de temps tu peux faire ton sport préféré sans avoir mal.  Une heure ?  Peut-être est-ce trop.  Une demi-heure ?  Peut-être que oui.  Ton niveau de référence pour ton sport est donc une demi-heure.  Tu dois ensuite tester ton niveau de référence et voir ce qu’il se passe réellement lorsque tu pratiques ton sport pendant 30 minutes.
  3. Détermine le niveau de référence pour la phase de repos.  Le niveau de référence de la phase de repos est le temps nécessaire dans une activité reposante pour que le niveau de douleur soit supportable.  Par exemple, demande-toi après une demi-heure de sport de combien de temps de repos tu as besoin et de quel type de repos ?  Boire un verre d’eau est-il suffisant ?  Peut-être pas.  T’asseoir un quart d’heure en lisant un magazine ?  Peut-être.  Ton niveau de référence pour la phase de repos est donc s’asseoir un quart d’heure en lisant quelque chose.  Tu dois ensuite tester ton niveau de référence.
  4. Découpe/fractionne tes activités en intercalant des périodes de repos limitées.  Pense à ton jeu vidéo favori.  Tu alternes ton sort le plus puissant suivi du cooldown.  Tu vois l’idée ? On alterne activité/repos.
  5. Alterne les 2 phases ACTIVITE/REPOS au moins 70 % de ta journée.

Tout comme un joueur gère ses compétences/ses sorts en jeu pour ne pas les épuiser trop rapidement et se retrouver sans mana, tu dois gérer ton énergie et ton repos pour avoir moins mal.

Construire un build solide ou avoir une approche biopsychosociale de ta douleur

Dans ton univers du jeu vidéo, la construction d’un build solide est importante pour maximiser les performances de ton personnage.

Pour qu’un build soit efficace, il faut une approche globale de plusieurs éléments qui vont interagir ensemble : compétences/sorts, armes, armures, statistiques des armes et armures, statistiques de la classe de ton personnage, bonus, répartition des points de compétences …

En matière de gestion de la douleur, c’est pareil !  Il est important d’avoir une approche solide et globale en adoptant une perspective biopsychosociale.

L’approche biopsychosociale précise que des facteurs biologiques, psychologiques, sociaux contribuent simultanément au maintien de la santé ou au développement de la maladie.

L’approche biopsychosociale t’invite à considérer ta douleur chronique dans sa globalité.  Tu dois prendre en compte non seulement les symptômes physiques mais aussi les dimensions émotionnelles et sociales.  Tous ces éléments ensemble contribuent à ta perception de la douleur.

Ton build pour une bonne gestion de la douleur pourrait ressembler à ceci :

  • confronté à ta douleur chronique, tu peux être amené à rencontrer des médecins et à passer des examens médicaux complémentaires pour comprendre les mécanismes physiologiques sous-jacents.  Parfois, des antalgiques te seront proposés
  • sur le plan psychologique, tu peux bénéficier d’un soutien psychologique pour gérer les aspects émotionnels liés à la douleur
  • des techniques de gestion du stress, des stratégies cognitivo-comportementales, des stratégies antalgiques non médicamenteuses [apprentissage de l’autohypnose, techniques de distraction de l’attention, techniques psycho-corporelles , kinésithérapie …] peuvent t’être proposées
  • L’impact de ta douleur sur ta vie quotidienne doit être pris en compte.  Tu peux bénéficier de soutien pour gérer tes relations avec tes proches, pour tes activités scolaires et sociales.  Tu peux bénéficier de stratégies d’adaptation dans ces domaines.  Pour ta scolarité, il est également possible de mettre en place des aménagements raisonnables scolaires.

Eviter les debuffs ou gérer les facteurs aggravants

Un debuff est une pénalité qui entraîne une réduction ou un affaiblissement temporaire.  Ton personnage se retrouve alors avec une ou plusieurs de ses statistiques affaiblies.  Il peut perdre certains de ses bonus.

Eviter les debuffs est important dans ton jeu.  Cela demande d’anticiper et d’éviter les conditions négatives qui pourraient affaiblir ton personnage.

Améliorer ta douleur chronique c’est gérer les facteurs aggravants en minimisant tous les éléments qui pourraient aggraver ta douleur.

Les debuffs peuvent prendre différentes formes.  Voici une liste de debuffs possibles dans le contexte de la gestion de la douleur chronique :

  • manque de sommeil/troubles du sommeil/fatigue
  • mauvaise alimentation  avec une alimentation dite pro-inflammatoire [sucres, aliments ultra-transformés, charcuteries …]
  • stress/anxiété
  • humeur dépressive

Il existe aussi  des debuffs plus spécifiques que tu dois connaître :

  • la peur d’avoir mal et la peur du mouvement appelée kinésiophobie.  Tu vas bouger de moins en moins par peur de te blesser.  Cela risque de te conduire à un déconditionnement musculaire, une plus mauvaise résistance physique, une perte de masse musculaire et un risque plus important de te blesser
  • les distorsions cognitives au sujet de ta douleur.  Ce sont des pensées, des interprétations incorrectes.  Exemple : ça fait tellement mal que je suis certain d’avoir une maladie grave !

Ces interprétations erronées ou croyances dysfonctionnelles vont entraîner des répercussions concrètes : augmentation de l’intensité de la douleur et des répercussions fonctionnelles, diminution de la qualité de vie, impact négatif sur l’humeur, stress/anxiété, sentiment d’impuissance …

Tu es un héros qui peut réussir la quête principale !

Gérer ta douleur chronique peut ressembler à une aventure épique dans un jeu vidéo avec ses défis, ses adversités, ses batailles mais aussi ses moments de triomphe.

Un peu comme quand tu es derrière ta manette de jeu, tu peux être aux commandes et avoir un rôle actif.

Tu connais maintenant les stratégies pour faire face aux défis de la douleur chronique : personnaliser ton avatar de gestion de la douleur, éviter les debuffs, respecter tes cooldown, construire un build solide.

Te voilà prêt pour affronter ton boss de fin.

A toi de jouer !

time to play

Article proposé par Th. Joiris