Pouvez-vous changer votre regard sur le confinement ?
Le moins que l’on puisse dire est que l’épidémie de COVID-19 nous aura appris de nombreux nouveaux mots : pandémie, quarantaine, gestes barrières. Parmi ces mots, il y en a un qui a davantage bouleversé notre quotidien et nos habitudes. C’est le mot « confinement ».
Au final, ce confinement est-il si dramatique ? Et si vous appreniez tout simplement à changer votre regard sur cette réalité du confinement que nous vivons depuis plusieurs semaines ?
Le stress éprouvé face au confinement ne dépend pas tellement du confinement lui-même. Votre stress dépend davantage de l’interprétation que vous faites de ce confinement.
Cette interprétation va conditionner vos émotions. Celles-ci seront alors positives ou négatives.
Nous vous proposons dans cet article 9 pistes simples et pratiques issues de la psychologie positive pour vous permettre d’apprivoiser le confinement.
Cela vous permettra de faire de votre propre psychologie un levier pour augmenter vos émotions positives et votre résilience.
La résilience est la capacité d’adaptation d’une personne suite à un traumatisme selon Boris Cyrulnik
Comprendre pourquoi nous sommes confinés
Le confinement est une mesure utile qui a 2 bonnes raisons d’être.
- Le confinement imposé par le COVID-19 a pour objectif de nous protéger
Pour rappel, le coronavirus se dissémine rapidement.
Avant le confinement, nous étions chaque jour en contact avec de nombreuses personnes et ce, au travers de nos différentes activités [travail, école, loisir …]
Chaque fois que nous sommes en contact avec un autre individu, nous multiplions le risque et la vitesse à laquelle le virus COVID-19 se propage.
Il est donc impératif de limiter les contacts. C’est ce que l’on appelle la distanciation sociale. Le confinement permet simplement de mettre en place cette distanciation sociale de manière un peu plus drastique.
- Le confinement imposé par le COVID-19 a pour objectif d’aplatir la courbe
Chaque jour, vous entendez dire qu’il faut aplatir la courbe pour lutter contre la pandémie du coronavirus. Qu’est-ce que cela signifie ?
Notre système de santé a un seuil limite. Ce seuil correspond à la capacité de nos hôpitaux à accueillir les patients contaminés et à faire face à la situation. Au-delà de ce seuil, notre système de santé sera saturé et ne pourra pas faire face à l’afflux de patients atteints du COVID-19 qui auraient besoin de soins mais également il ne pourra plus prendre en charge tous les autres patients. Cette situation conduit à un effet boule de neige avec de multiples répercussions en cascade dont l’épuisement des soignants.
La bonne nouvelle c’est que les mesures prises dont notamment le confinement nous permettent de ne pas dépasser ce seuil et de pouvoir faire face à la situation pour la gérer au mieux.
Le confinement est actuellement votre meilleur ami car c’est une mesure pertinente et efficace pour lutter contre la propagation du coronavirus.
Si vous le comprenez, alors vous venez de faire le premier pas vous permettant de mieux vivre votre confinement.
Se souvenir des « je n’ai pas de temps »
Avant le confinement, nos journées et nos semaines étaient synonymes de frustration. Nous avions envie d’essayer ou de réaliser certaines choses mais nous faisions tous le même constat : je n’ai pas assez de temps pour faire ces choses.
Soyez honnêtes et reconnaissez que vous êtes incapables de dire à combien de reprises vous avez prononcé ce « je n’ai pas le temps ».
Actuellement, la situation n’est plus du tout la même. Le confinement a libéré du temps. Vous ne pouvez donc plus invoquer cette excuse du manque de temps pour ne plus faire les choses.
Nous avons juste changé de plainte. Cherchez l’erreur ! Nous sommes passé de « je n’ai pas de temps » à « j’ai trop de temps« .
Il vous appartient de décider comment vous allez mettre à profit ce temps. Et c’est là que peut apparaitre un léger sentiment d’angoisse.
Acceptez que vous êtes responsables de votre action tout comme de votre inaction durant cette période de confinement.
Ne pas confondre confinement et inaction
Ce n’est pas parce que nous sommes confinés que nous devons tout abandonner. Et pourtant, certains d’entre nous semblent avoir fait des mots « confinement » et « renoncement » des synonymes.
Commencez par garder des repères simples. Allez vous coucher à une heure correcte, levez-vous à une heure normale, habillez-vous, coiffez-vous.
Poursuivez par maintenir ou développer une bonne hygiène de vie. C’est le moment de manger correctement, de bouger et de pratiquer un sport, d’améliorer la qualité de son sommeil, de lire davantage.
La crise imposée par le COVID-19 et le confinement durent depuis un certain temps déjà. Nous ne savons pas non plus quand nous sortirons de ce confinement. Vous devez donc gérer ce moment comme un marathon.
Vous devez rester fortement engagés sur les choses qui étaient importantes pour vous avant le confinement.
Ne pas se sentir impuissant
Ce n’est pas parce que nous sommes confinés que nous manquons de contrôle sur notre vie.
Vous pouvez décider que le confinement est une opportunité. Opportunité pour apprendre une nouvelle langue, découvrir la méditation, essayer certaines recettes, augmenter vos compétences personnelles et professionnelles en vous formant à distance.
Agir et réagir au confinement imposé par le coronavirus va vous permettre de récupérer un sentiment de contrôle. Celui-ci augmente votre sentiment d’efficacité personnelle et diminue vos angoisses.
Vous devez combattre vos croyances limitantes.
Connaître les risques psychologiques liés au confinement pour mieux les prévenir
Ce n’est pas parce que nous sommes confinés que nous allons tous présenter des troubles psychologiques.
Et pourtant, des difficultés psychologiques secondaires à un confinement prolongé peuvent être une réalité.
Dans une méta-analyse (1), le professeur S. Brooks et son équipe ont analysé les résultats de 24 études scientifiques réalisées dans 11 pays depuis 2003 suite aux épidémies de SRAS, MERS, grippe H1N1 et Ebola. L’objectif était d’identifier les conséquences psychologiques de la quarantaine, de préciser les facteurs aggravants et de fournir des conseils.
Une quarantaine prolongée peut entraîner des répercussions psychologiques variées au niveau émotionnel, comportemental, cognitif : stress, anxiété, symptômes dépressifs, état de stress post-traumatique, abus de médicaments ou de substances, insomnie, difficultés de concentration, colère, irritabilité.
Certains facteurs de stress susceptibles de majorer ces symptômes sont identifiés :
- peur de la contamination elle-même [pour nous et pour nos proches]
- durée de la quarantaine
- rôle de l’information [manque d’informations claires et fiables, désinformation, fake news, discours alarmiste des médias….]
- craintes au sujet de l’approvisionnement
- préoccupations financières
- frustration et sentiment d’ennui
Il est normal d’éprouver des difficultés psychologiques à un moment ou à un autre de notre confinement.
Ces risques psychologiques doivent vous inciter à prendre soin de vous et à mettre en place les bonnes attitudes, les bons comportements pour prendre soin de votre santé mentale et de celle de vos proches.
Ne pas confondre distanciation sociale et isolement social
La distanciation sociale ne signifie pas que nous devons être en rupture sociale et isolés seuls chez nous.
Faites preuve de créativité pour maintenir du lien avec autrui. Les outils vous permettant ce lien sont facilement accessibles : réseaux sociaux, téléphone, mail, chat, vidéoconférence.
Pensez également à proposer votre soutien social. En vous rendant utile à autrui non seulement vous aidez ceux qui en ont besoin mais vous renforcez à nouveau votre sentiment de compétence et d’efficacité personnelle.
Paradoxalement, vous devez également prendre un peu de temps pour être seul. Ménagez-vous un moment de temps seul rien qu’à vous sans interactions avec les autres qui sont sous le même toit. Cet aspect est particulièrement important si vous êtes un parent très sollicité par le soutien à apporter aux enfants dans cette période de confinement. Vos ressources ne sont pas illimitées, il vous faut les reconstituer.
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Pour bien vivre votre confinement, vous devez ALTERNER entre des moments de lien social, de soutien social et des moments où vous prenez du temps pour vous seul.
Apprendre à gérer ses émotions pendant le confinement
- Durant le confinement imposé par le COVID-19 vous allez éprouver beaucoup d’émotions.
Elles seront parfois positives, parfois négatives. Vos émotions sont la conséquence des interprétations que vous faites au sujet de ce que vous vivez. Vous allez devoir apprendre à contrôler et à corriger vos distorsions cognitives.
Une distorsion cognitive est une interprétation erronée de faits objectifs ou d’une situation. Il s’agit de mauvaises interprétations au sujet d’un évènement.
Essayez donc d’avoir un regard juste sur ce que vous vivez pendant ce confinement. Par exemple, rappelez-vous que le confinement pour la plupart d’entre nous signifie simplement que nous devons rester chez nous, entourés de nos proches et de notre confort habituel. Et non, vous n’êtes pas emprisonnés dans une cellule de 2 mètres sur 2 dans une prison impitoyable reléguée au fin fond du désert, le tout sans le moindre contact avec vos proches.
Vous devez apprendre à passer du « Et si c’était négatif » à « Et si c’était positif« . Posez-vous des questions de meilleures qualités, évitez le catastrophisme.
Contrôlez vos interprétations du confinement vous aidera à ressentir davantage d’émotions positives. Ces émotions positives vous pousseront à agir et à réagir positivement en adoptant de bonnes attitudes et de bons comportements.
- Durant le confinement imposé par le COVID-19 vous allez recevoir beaucoup d’informations.
Ces informations sont souvent anxiogènes et certaines d’entre elles peuvent être incorrectes. Si vous êtes constamment baignés dans ce type d’informations, vous risquez d’augmenter votre sentiment d’impuissance et d’éprouver des émotions négatives, du stress, de l’anxiété.
Limitez votre exposition aux médias et filtrez les informations que vous recevez.
Ne pas confondre probabilité et possibilité
Il est possible que chacun d’entre nous puisse contracter le coronavirus.
Si nous appliquons correctement les gestes barrières, mettons en place la distanciation sociale et respectons à la lettre le confinement; il est peu probable que nous attrapions le coronavirus.
Rester ici et maintenant
Entre la mélancolie du passé et le catastrophisme du futur, il va vous falloir choisir. Préférez être ici et maintenant en vous demandant ce que vous pouvez faire, mettre en place ou décider dès maintenant.
Article proposé par Thierry Joiris
Vous éprouvez des difficultés psychologiques durant le confinement ? Vous ressentez le besoin d’en parler et d’être aidés ? Vous pouvez prendre rendez-vous pour une consultation psychologique par vidéoconférence.
Comment prendre rendez-vous pour une consultation par vidéoconférence ?
(1) Brooks, S.K., Webster, R.K., Smith, L.E., Woodland, L., Wessely, S., Greenberg, N., Rubin, G.J. (2020). The psychological impact of quarantine and how to reduce it : rapid review of the evidence. Lancet, 395, P 912-920.