Quand l’heure des devoirs est compliquée
L’heure des devoirs est souvent redoutée. C’est habituellement à ce moment que vous allez-vous demander par quel miracle ou magie vous allez parvenir à motiver votre enfant à faire ses devoirs.
Voici 6 questions à se poser pour aider votre enfant à faire ses devoirs et survivre à ce moment délicat.
Quel est le meilleur moment pour faire les devoirs ?
La réponse est simple. Il n’y en a pas !
Il faut tenir compte de la réalité des grands et des moins grands.
Si vous êtes maman, vous connaissez votre planning. Au moment des devoirs, vous avez derrière vous une longue journée. Et devant vous, la seconde longue journée !
Votre enfant, lui, rentre d’une journée tout aussi longue, dans une classe parfois bruyante, avec un enseignant et des apprentissages qui ont lui souvent demandé de se contrôler et d’inhiber certains de ses comportements spontanés. Il est donc tout, sauf réceptif à l’idée de faire ses devoirs.
Avant d’attaquer, vous avez donc tous les deux besoins d’une phase de décompression. Le goûter ou la demi-heure de jeu libre peut tout à fait remplir ce rôle.
Pour définir le moment crucial où l’on va faire les devoirs, demandez à votre enfant d’évaluer avec vous le moment qui lui convient davantage. Quand se sent-il moins fatigué ? Davantage concentré ? Cela lui permettra de se sentir plus impliqué et de ne pas avoir l’impression que la période des devoirs est imposée par l’adulte.
Veillez toujours à lui proposer une alternative qui lui donne une illusion de choix. Cela lui permet de récupérer un sentiment de contrôle sur la situation. Quand préfères-tu faire tes devoirs ? Avant le goûter ou après le goûter ?
Quelle est la bonne méthode pour faire les devoirs ?
La bonne méthode pour faire les devoirs consiste à mettre en place un apprentissage distribué.
Evitez donc de définir un seul long moment où les devoirs doivent être faits. Par exemple, faire l’ensemble de ses devoirs le samedi n’est pas une bonne stratégie. Imaginez que je tente de vous faire avaler un immense gâteau au chocolat en une seule fois ! Et bien c’est à peu près le même effet pour l’enfant confronté à une longue plage de devoirs. Il frôle l’indigestion. En faisant cela, vous le contraignez à faire un apprentissage massé.
L’apprentissage massé consiste à proposer une seule période d’étude, plus longue et plus intensive.
Il est préférable de favoriser un apprentissage distribué qui consiste à fractionner et à étaler l’apprentissage dans le temps. Les différentes périodes d’étude seront ainsi espacées et entrecoupées par des temps de repos. Il vaut donc mieux planifier plusieurs périodes courtes d’apprentissage qu’un seul bloc, plus long et plus intensif.
Comment lui faire aimer un apprentissage distribué ? Dites-lui simplement qu’un éléphant ça se mange une bouchée à la fois !
Bien entendu, pour pouvoir mettre en place un apprentissage distribué, cela implique que l’enseignant donne les devoirs suffisamment longtemps à l’avance.
Quel est le meilleur endroit pour faire les devoirs ?
La réponse est simple. Il n’y a qu’un seul endroit ! Celui qui est dédié au travail scolaire. Dans la plupart des cas, il s’agira de la chambre de l’enfant.
Et pourtant, c’est très souvent dans la cuisine voire dans le living que l’enfant va faire ses devoirs. Imaginez un instant. Votre chère tête blonde en train de se concentrer à la table de la cuisine mais au même moment :
- Vous vous lancez dans la préparation du repas du soir. Bruits et odeurs sont à volonté
- Votre mari fait un passage rapide pour savoir ce que l’on mange le soir. Et non, bien souvent il ne va pas chuchoter pour vous poser cette question
- Vous répondez aux appels téléphoniques de vos amies. Parce que oui, vos copines célibataires sans enfants ont le temps de téléphoner à ce moment particulier. Elles n’ont pas de devoirs à gérer, elles.
- Votre plus grande entre en catastrophe. La catastrophe étant qu’elle ne trouve pas son sac pour aller à son cours de danse.
Vous voyez où je veux en venir ? Tous ces éléments vont distraire l’enfant de la tâche d’apprentissage en cours. Et contrairement à une idée reçue, le cerveau ne peut pas réaliser deux tâche simultanément si ces deux tâches exigent de l’attention ou si au moins une des deux n’est pas automatisée. Bref, en situation de double-tâche [si on demande de réaliser plusieurs opérations cognitives simultanément], une des deux opérations au moins sera ralentie ou négligée.
Pourquoi ne veut-il pas faire ses devoirs ?
Il peut y avoir plusieurs raisons pour ne pas aimer faire du travail scolaire à la maison. Mais il est une raison qu’il est important de bien comprendre.
Votre enfant n’aime peut-être pas faire ses devoirs car il a une conception statique de l’intelligence.
Demandez-vous donc quelle est sa théorie implicite de l’intelligence !
Les enfants ont leurs propres croyances sur l’intelligence et celles-ci les aident à construire une théorie implicite de l’intelligence.
Deux théories existent. S’ils ont une théorie statique de l’intelligence, les enfants pensent que l’intelligence est une disposition fixe, non modifiable. S’ils ont une théorie dynamique, les enfants pensent que leur potentiel intellectuel peut se développer et être modifié en permanence par l’effort.
Chaque théorie a ses propres implications dans la relation de l’enfant à sa scolarité, aux devoirs, aux exercices supplémentaires et à l’effort.
Comment repérer la théorie implicite de l’intelligence de votre enfant ? De manière simple et rapide à l’aide du Questionnaire des théories implicites de l’intelligence [TIDI] (1).
Vous pouvez retrouver celui-ci dans les annexes disponibles dans mon ouvrage « Découvrir la neuroéducation pour favoriser les apprentissages et l’enseignement ».
Comment faire accepter à votre enfant la nécessité de faire un effort ?
En favorisant la mise en place d’un apprentissage distribué, vous avez déjà commencé à le sensibiliser à cette idée. La plupart des enfants seront contents de s’entendre dire qu’il faut étudier « moins longtemps » même s’il faut le faire de manière répétée et espacée.
Ensuite, faites-lui comprendre que tout comme les grands athlètes il doit absolument s’entraîner ! Que signifie s’entraîner ? Cela veut dire qu’il doit PRATIQUER et REPETER.
Un outil simple pour lui donner envie de faire un effort pour ses devoirs
Demandez à votre enfant quelle est son activité de loisir ou de sport préférée. Assurez-vous qu’il s’agisse bien d’une activité qu’il pratique réellement.
Prenez une feuille A4, orientée en paysage.
Au recto. Préparez alors sur cette feuille A4 une photo représentant l’activité en question. Il vous suffira de rechercher une image adéquate sur google. Si votre enfant est fan d’un athlète ou d’un artiste, c’est encore mieux ! Prenez une photo de cette personne.
Au verso de cette feuille : vous aurez au préalable écrit en grand et en gras deux mots : PRATIQUER, REPETER.
En lui montrant la photo sur le recto de votre feuille, posez-lui une première question. Imaginons qu’il fasse du football. Le dialogue pourrait ressembler à ceci :
– Comment fais-tu pour t’améliorer au foot ?
– Bah je joue !
– Ah bon, jouer une fois ça suffit ?
– Mais non je dois m’entraîner en plus !
– Si tu t’entraines une fois c’est suffisant pour être bon au foot ?
– Non, j’ai plusieurs entraînements. Je dois y aller souvent.
– Est-ce que tu continueras d’être bon au foot, si tu arrêtes à un moment de t’entraîner ?
– Ah non, je ne ferai plus de progrès.
– Donc pour être bon au foot il faut s’entraîner régulièrement et souvent.
Vous terminerez alors par « Tu dois donc pratiquer et répéter » pour t’améliorer. Retournez alors votre feuille au verso. Précisez : Et bien, les devoirs c’est pareil. Il faut pratiquer et s’entraîner !
Une métaphore simple pour lui donner envie de faire un effort pour ses devoirs
Vous pouvez utiliser la métaphore du musicien ou de la danseuse.
Ceux-ci doivent répéter inlassablement leurs gammes et leurs exercices à la barre avant de pouvoir jouer un concerto ou danser un ballet !
Que répondre à sa phrase : « J’ai tout compris, j’ai pas besoin de faire des devoirs ou des exercices supplémentaires ! »
Avoir compris ne suffit pas ! Il faut répéter car apprendre c’est mémoriser.
Les enfants pensent souvent qu’avoir compris est suffisant. Pour eux, les travaux à domicile sont donnés pour aider ceux qui n’ont pas saisi la matière ou ceux qui sont motivés. Ils se trompent !
Bon travail !
(1) D. Da Fonseca, S. Schiano-Lomoriello, F. Cury et coll., « Validité factorielle d’un questionnaire mesurant les Théories Implicites De l’Intelligence (TIDI) », dans L’Encéphale, 33 (4), 2007, p. 579-584.
Article proposé par Th. Joiris